mercredi 14 octobre 2015

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, écrit par Ruta Sepetys

« Ils m'ont arrêtée en chemise de nuit. »

 Il s'agit de la toute première ligne de cette oeuvre bouleversante mais incontournable.
14 juin 1941. Dans ce docu-fiction-choc, Lina, une adolescente lituanienne de 15-16 ans promue à un brillant avenir d'artiste, raconte son histoire qui débute le soir où sa mère, son jeune frère et elle, comme bon nombre de gens des états baltes qualifiés d'« antisoviétiques », sont déportés, n'ayant pas été emprisonnés (comme son père, un professeur) ou assassinés sur-le-champ... Parmi ces gens, on retrouve notamment des artistes, des avocats, des bibliothécaires, des hommes d'affaires, des médecins, des professeurs et des soldats ainsi que leurs proches.

« Si Staline tient à ce qu'on ne fasse pas tache dans le paysage, il faut qu'il se débarrasse complètement de nous (p. 334). »

L'auteure de ce roman « coup de poing », Ruta Sepetys, a effectué deux voyages en Lituanie pour se documenter convenablement sur les déportations qui ont débuté en 1941. Son ouvrage, récipiendaire du Prix Jeunesse des libraires 2012 (catégorie hors Québec) et déjà considéré comme un classique dans de nombreux pays, est le fruit de ses multiples recherches, étoffées par des archives et témoignages de membres de sa famille, de fonctionnaires gouvernementaux, d'historiens, de psychologues... et de survivants du projet d'extermination massive orchestré par Staline et sa police secrète, le NKVD, l'ancêtre du KGB.

« [...] les Soviétiques avaient-ils réussi à garder les déportations secrètes ? S'il en était ainsi, combien de temps cela durerait-il ? [...] Quelqu'un songerait-il jamais à nous chercher au fin fond de la Sibérie arctique ? Si Staline continuait à n'en faire qu'à sa tête, nous avions toutes les chances de finir ensevelis sous la neige et la glace         (p. 360). »

Ce roman historique permet aux lecteurs de mieux comprendre des concepts tels que la cruauté, le désespoir, le COURAGE, la discrimination, l'esclavage, la peur, la souffrance et, surtout, la SURVIE en temps de guerre, tout particulièrement lorsqu'on est transporté d'un camp nordique à un autre dans un train destiné au bétail, qu'on travaille jusqu'à la mort et qu'on subit la faim, le froid, l'humiliation... C'est par le récit dur mais réaliste de Lina, autour de laquelle gravitent de nombreux personnages, que sont relatées des bribes macabres de la Seconde Guerre mondiale mais, cette fois-ci, non pas sous le régime nazi d'Hitler mais sous le régime tyrannique de Staline (voir aussi mon article portant sur Max, écrit par Sarah Cohen-Scali). Un récit enrichissant, captivant et poignant mais aussi étonnant, déstabilisant et terrifiant qui suscite des exclamations, des interrogations et maintes réflexions. 

« Non, Lina. N'aie pas peur. Tu ne dois rien leur donner, même pas ta peur (p. 294 et éq. p. 383). »

Compléments : 2 cartes géographiques et une « Note de l'auteur » qui contextualise l'oeuvre.

Public cible : 2e cycle du secondaire (tout spécialement la 5e secondaire)


N. B. Ce livre fait l'objet d'une fiche pédagogique dans Livres ouverts (lien).


Préparé par Annie Perron, bibliothécaire









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